Sortie en mer dans les îles San Juan et le détroit de Georgie


J'ai eu la chance de faire une sortie en mer il y a quelques semaines qui va rester graver dans ma mémoire ! Un de mes collègues, Jeff, m'a gentiment invitée à bord de son bateau avec lequel il va habituellement pêcher. 


Nous sommes partis de l'île de Whidbey, située au nord de Seattle (en bas à droite sur la carte) pour rejoindre, dans un brouillard épais, les îles de San Juan dont je vous ai parlé dans un précédent article.



Nous ne voyions pas à 50 mètres, c'est dans une étrange atmosphère que nous avons malgré tout croisé quelques "squatteurs" de bouée!


Quand nous sommes arrivés dans le détroit de Haro, sur la côte ouest de l'île de San Juan, le brouillard s'est dissipé laissant place à un grand soleil. Les paysages étaient superbes. Le nord de la chaîne des Cascades d'un côté, les montagnes Olympiques de l'autre. Entre les deux, un dédale d'îles et d'îlots rocheux où se dessinent forêts et prairies.

Maintenant que la vue est dégagée, le travail d'observation peut commencer. Etre attentif au moindre signe qui indiquent la présence d'orques ou autres baleines... Une éclaboussure ? Un souffle ?! Un aileron ?!


Un bateau de whale-watching (i.e. observation des baleines) en pleine course apparaît. "Suivons ce bateau" ! On s'est cru un peu dans un James Bond ou un film de ce genre...Après 20 minutes de navigation à travers les îles, les voilà qui apparaissent ! Des orques ! Un groupe d'une dizaine d'individus avec un bébé.  Ce sont des "transients" ou nomades. Elles se déplacent entre l'Alaska et la Californie, se nourrissent principalement de mammifères marins.

Magnifique ! Une mer d'huile, un ciel bleu et nous. Nous les avons suivis jusqu'en face du port de Vancouver, la frontière (invisible) canadienne avait été franchie.

Après la sortie, nous avons cherché dans le catalogue de photo-identification (ensemble des "photos d'identité" de chaque orque résidente du sud) que j'avais et aussi auprès de Orca Network pour savoir quels groupes et quels individus nous avions vus. Grâce aux photos où l'on voit la tache dorsale grisâtre à l'arrière de l'aileron, la forme de l'aileron et les marques qui peuvent être présentes (cf. article), nous avons pu identifier les individus suivants: T36A1, T36A3, T100F, T100, T100E, T100C, T100 et T36A3 (photos ci-dessous).

Individus T100F et T100


Individus T100E et T100C

Individu T36A3

Individus T36A1 et T36A3

Individu T36A1 

Individu T100C



















Cap au Sud-Est pour rejoindre à nouveau les eaux américaines des îles San Juan. Sur notre route nous apercevons furtivement un marsouin commun puis nous tombons sur une otarie de Steller en pleine chasse. Dans sa gueule une raie. Les oiseaux se mêlent à la bataille pour tenter de récupérer leur part.




C'est au tour des phoques communs qui prennent le soleil sur un îlot...







Et encore tout un groupe d'otaries de Steller, portant peu communes dans cette région. Les mâles sont impressionnants.





C'est alors que l'on aperçoit à nouveau un souffle ! Puis deux 2 ! Puis 3, 4, 5... elles étaient partout ! Cette fois un groupe de résidentes "J-pod". Nous les connaissons bien ici, tous les individus sont identifiés et suivis de près par les scientifiques et les groupes de bénévoles de la région. La populations est menacée...je vous laisse (re)lire "les orques du sud" pour en savoir plus sur les menaces qui pèsent sur les orques résidentes du sud.


Nous sommes restés là, seul bateau aux alentours, pour profiter du spectacle. Là aussi, sous avons identifié des individus : J27 (mâle), J49 (mâle), J35 (femelle), J16 (femelle), J42 (fille de J16) et J26 (fils de J16).

Individu J26 (fils de J16)

Individu J49  (mâle)



Individu J16 (femelle)

 Individu J27 (mâle)

Individus J42 (fille de J16) et J35 (femelle)


Dispersés en petits groupes, les individus étaient très actifs. Des frappes de la nageoire caudale (queue), des sauts de baleineau, des mugissements et autres sons...Magique !



Avant de partir, un groupe s'approche un peu plus près par l'avant du bateau  (150 m). Pour notre plus grand bonheur un individu décide de faire un périscope juste devant nous. Voulait-il en savoir un peu plus sur qui l'observait ?! Peut-être...En tout cas, nous, nous en avons pris plein les yeux.




La journée fut bien remplie, la nuit a commencé à tomber...Mais avant de rentrer, nous passons dans la zone où sont observées des baleines grises alors nous guettons! Oui ! Devant j'aperçois un souffle ! Puis dans le couché de soleil un autre et encore un autre ! Elles sont là..."c'est la cerise sur le gâteau". Un individu est en train de manger à 300 m de la plage. 



Il est temps de partir, il va faire nuit et nous allons manquer de carburant! 





What a day!!! 


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Journée Internationale de la Baleine - 19 février !

Baleines à bosse de l'Hémisphère Sud, on fait le point !

Le mercredi midi à la NOAA...